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Avec Kader Belarbi, le Capitole aborde la capitale

Par Rosita Boisseau - Le 16 juin 2017

Pour la première fois, le ballet toulousain se produit au Théâtre des Champs-Elysées, avec « Le Corsaire ».

« Le Corsaire » par le Ballet du Capitole dirigé par Kader Belarbi. | F. LEVIEUX

Il a été danseur étoile de l’Opéra national de Paris de 1989 à 2008. Chorégraphe, il dirige depuis 2012 le Ballet du Capitole à Toulouse. En blaguant, il se définit comme le Kirikou du classique qui sait se faufiler partout, passer à droite, à gauche, sauter par la fenêtre pour revenir par la cheminée. « Je suis un opiniâtre avant tout, glisse-t-il. Rien ne tombe du ciel. »

Et voilà que Kader Belarbi entre par la grande porte au Théâtre des Champs-Elysées, à Paris, où la troupe toulousaine est programmée pour la première fois depuis sa création officielle en 1949. De quoi faire bicher le Kader Kirikou qui fête ses cinq ans de direction avec une grosse cerise sur le gâteau. Il présente sa version du Corsaire, chorégraphié en 1856 par Joseph Mazilier, puis en 1899 par Marius Petipa, sur une musique d’Adolphe Adam. Là encore une entreprise qui fait mouche : Belarbi s’attaque au mythe de la piraterie chorégraphique, emblème du catalogue du Bolchoï de Moscou, peu connu en France car jamais mis en scène en Europe. « Je revendique mon ancrage dans le patrimoine », insiste-t-il.

Il faut foncer sans se retourner et avoir quelques munitions pour prendre d’assaut un navire aux cales aussi chargées que celles du Corsaire. Un pirate téméraire et amoureux, une esclave grecque, un pacha, un marchand d’esclaves, des femmes voilées, des ballerines en tutu y cohabitent.

LE SCÉNARIO, INSPIRÉ PAR UN POÈME DE LORD BYRON, DÉBORDE DE PÉRIPÉTIES INVRAISEMBLABLES POUR SE SOLDER PAR UN NAUFRAGE

Le scénario, inspiré par un poème de Lord Byron, déborde de péripéties invraisemblables, kidnappings et crêpages de chignon au harem pour se solder par un naufrage. « J’ai tenté une relecture sous influence orientale mais en évitant les clichés, précise le chorégraphe. C’est ungrand spectacle classique comme je les aime mais le livret est assez confus et il a fallu le simplifier. J’ai privilégié une vision épurée. Par ailleurs, je ne pouvais pas me permettre une superproduction. Donc, c’est deux pilastres et deux morceaux de bois sur le plateau. Mon Corsaire tient dans une valise, ou presque. »

Directeur de troupe avec 35 interprètes de 14 nationalités, Kader Belarbi affirme sa passion pour le classique propulsé dans l’imaginaire actuel : « Dans le marasme du ballet en province, il faut se battre pour qu’il n’y ait pas que l’Opéra de Paris à perpétuer la tradition de la danse française. La compagnie toulousaine renaît, comme le prouve notre passage à Paris, qui était mon objectif depuis cinq ans. »

Et si Rudolf Noureev (1938-1993), avec lequel Kader Belarbi a travaillé à l’Opéra de Paris, reste un exemple et un test imparable pour un apprentissage rigoureux, il n’est pas le seul à faire monter la température dans le studio : « Certains interprètes viennent de l’Ecole Vaganova de Saint Pétersbourg, d’autres de l’école cubaine ou danoise. Je travaille à faire converger tout le monde dans le même élan. »

Doper son répertoire

Kader Belarbi, auteur d’une quarantaine de spectacles depuis le début des années 1990, ne se piège pas pour autant dans le seul patrimoine. Ses remontages, comme celui de Giselle en 2015, ou sa relecture de La Reine morte, d’après Montherlant, en 2011, se posent au carrefour de ses références – étoile, il a collaboré avec Roland Petit, Maurice Béjart, Mats Ek, Jiri Kylian, Pina Bausch… – et de son expérience d’homme aujourd’hui.

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« Je me sens comme un archéologue parfois mais j’évite que les fantômes m’envahissent pour être le plus personnel possible, confie-t-il. Avec le temps et l’expérience, c’est plus facile. Par ailleurs, je cherche toujours à travailler dans un rapport de bon sens avec les interprètes et la recherche d’une justesse de ton liée à l’échange de l’instant. »

Au programme de sa saison 2017-2018, une nouvelle version de Casse-Noisette, friandise de Noël sucée et resucée par nombre de chorégraphes, dont il va tenter d’extraire une saveur inédite entre enfermement au pensionnat et envol au pays de la magie.

Parallèlement à ses créations, Kader Belarbi ouvre large les bras à d’autres artistes contemporains pour muscler l’outillage technique de la compagnie et doper son répertoire. Maguy Marin, Stijn Celis et bientôt les Israéliens Yasmeen Godder et Roy Assaf collaborent avec la troupe. Après le Capitole, à la capitale, il « attaque une deuxième période ». Ce « combattant heureux » ne nous dira pas quel en est l’objectif secret mais l’échelle qu’il a posée ne connaît pas de limites.

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